12

 

 

Bien qu’il y ait une foule énorme dans le restoroute, personne ne prêtait attention aux hurlements qui provenaient du parking réservé aux camions. Le vent était devenu beaucoup plus violent et la nuit se réduisait à un épais voile de neige. Les moteurs des automobiles et des camions ronronnaient en bruit de fond et les pompistes devaient crier pour se faire entendre. Et de toute façon, même ceux qui avaient entendu ces cris étaient restés indifférents.

Delbert Ferry était dans sa couchette, recroquevillé en boule sous ses couvertures. Bien au chaud, il lisait un roman de Louis L’Amour tout en achevant sa deuxième boîte de viande grillée. La radio diffusait un talk-show pour les couche-tard et, rapidement lassé par sa lecture, il écouta les lamentations d’Américains anonymes qui avaient composé le numéro d’appel gratuit de cette émission. Il n’avait aucune envie de prendre un repas chaud et un café dans le restaurant bruyant et bondé. Il préférait de loin la solitude paisible de sa couchette douillette. En outre…

… Il avait envie d’une femme.

On frappa à sa portière à l’instant où une bourge de race blanche se mit à pleurer en direct sur les ondes. Sa fille était tombée amoureuse, puis enceinte d’un Noir qui venait d’être mis sous les verrous pour trafic de drogue.

Delbert sourit, reposa son livre, éteignit le poste et répondit :

— Ouais ?

Pas de réponse.

Il repoussa ses couvertures et se leva.

— Ouais ?

— Tu veux un peu de compagnie ?

Une voix fluette. Jeune.

Et Delbert les aimait jeunes.

Il ouvrit la portière et aperçut une fille, minuscule, emmitouflée dans un lourd manteau. Elle était très pâle. Elle lui sourit, les yeux alourdis par le désir, comme ensommeillés. Delbert se pencha vers elle, lui tendit la main en pouffant de rire.

— Allez, monte, souris.

Elle était légère comme une plume…

Pour Lumpy Turner, ça se passait très bien aussi. Il trouva ce qu’il lui fallait pour passer la nuit, après avoir regagné son bahut le ventre plein. Elle fumait un clope, adossée contre son pare-chocs, apparemment indifférente à la tempête de neige et au vent glacial. Grande et svelte, elle avait un visage de star… Peut-être un peu déjà sur le déclin mais diablement belle. Et une bouche qui fit fonctionner l’imagination de Turner à 100 à l’heure.

— Alors, qu’est-ce que j’peux faire pour toi, mam’zelle ?

Il sourit jusqu’aux oreilles, sachant pertinemment ce qu’il voulait qu’elle réponde.

— Tu pourrais commencer par m’ouvrir et me laisser monter, répondit-elle en soufflant un nuage de fumée que le vent éparpilla aussitôt.

— Au poil, ma jolie, répliqua Turner dans un éclat de rire, tout en sortant les clefs de sa poche.

Tandis que Lumpy Turner se déshabillait, une jeune fille errait à travers le labyrinthe des camions. Vêtue d’un jean et d’un pull noir qui mettaient ses formes en valeur, elle marchait d’un pas décontracté, mains croisées dans le dos. Les boucles de ses cheveux couleur de feu tombaient en cascade autour de son visage. Elle s’appelait Victoria. Elle s’approcha d’un poids lourd. Un autocollant était posé sur la portière de la couchette. Un lézard vert entouré d’un cercle rouge barré d’un trait. À côté de ce cercle, une inscription : pas de lézard de nuit. Victoria lut l’autocollant et poussa un petit rire avant de frapper contre la carrosserie. On remua dans le camion et la portière s’ouvrit. Un gros type, frisant sans doute la soixantaine, vêtu d’un sweat et d’un jean, lui sourit.

— Un peu de compagnie ? demanda Victoria.

Le routier fit lentement non de la tête.

— T’aurais t’y pas lu l’autocollant, chérie ? demanda-t-il gentiment. J’fais pas ce genre de trucs, moi. Je suis chrétien.

— Bravo, répondit Victoria en grimaçant.

Le routier la congédia d’un geste de la main et, toujours souriant, referma sa portière.

Victoria gagna le camion suivant, frappa. On ouvrit.

— T’as l’air de t’les geler, baby, dit le chauffeur. Tu veux monter ?

Elle fit signe que oui, et il tendit une main pour l’aider.

Au même instant, Joe Grimes s’agenouillait sur sa couchette derrière une fille à quatre pattes. Tous deux étaient nus. Elle glissa une main entre ses jambes pour aller griffer doucement ses couilles qui ballottaient. Il gémit. Puis tout à coup, elle s’écarta, roula sur le dos et l’attira sur elle en grognant ; « Enfile-moi, maintenant. » Elle l’entoura de ses jambes et de ses bras minces, et pressa avidement sa bouche froide et humide contre sa gorge…

Dans un camion garé à l’autre bout du parking, Warren Philpott était allongé sur le dos, dans sa couchette. Il essayait de dégager sa tête, coincée entre les cuisses de la fille qui le serrait comme dans un étau. Mais il était de plus en plus faible, la tête lui tournait. Bizarrement, il approchait de l’orgasme, pendant que la fille appuyait ses lèvres sur son aine en poussant de drôles de bruits de déglutition…

Tous ces routiers entendirent les cris qui retentissaient entre les deux camions des Carsey Bros, mais vaguement. Ils avaient l’esprit accaparé par autre chose.

Soudain, le Gold Pan fut plongé dans une obscurité totale. Delbert, Terry, Lumpy Turner, Warren Philpott, ainsi que beaucoup d’autres chauffeurs, étaient tous inconscients et saignaient méchamment. Leur blé, et tous les objets de valeur qui se trouvaient dans leurs cabines avaient disparu…

D’autres pâles jeunes filles arpentaient le parking réservé aux camions en frappant de porte en porte et en proposant leur compagnie. Claude Carsey émergea de son coma. Du sang l’aveuglait, mais il eut beaucoup de mal à lever sa main agitée de tremblements pour s’essuyer. Bizarrement, une autre main – froide et petite – prit doucement son poignet et l’écarta. On lui tapota les yeux délicatement avec un chiffon doux, et il ouvrit les paupières avec difficulté.

Saisi de panique, Claude agita ses bras et ses jambes, tentant de s’éloigner de la fille, qui le coinça finalement contre une pile de cageots. Il n’avait plus aucune possibilité de fuite.

— Tu… tu me re-relâches, bégaya Claude d’une voix stridente, en écartant brusquement la main de la fille.

Elle le relâcha en gloussant.

— J’voulais simplement t’aider, expliqua Amy.

La tête de Claude était en feu, et sa profonde entaille au front saignait encore beaucoup. Mais la répugnance qu’il éprouvait d’avoir été touché par cette fille… par l’une d’entre elles, était plus forte que sa douleur. Le seul fait d’avoir été en contact avec cette main froide le faisait frissonner d’horreur. Il se releva avec difficulté, regarda autour de lui, mais la pièce tournait comme un manège, le sol ondulait, et il retomba comme une masse sur la pile de cageots.

— Ô… Ô mon Dieu… Oh ! gémissait-il, la tête dans ses mains.

Amy s’accroupit devant lui, le prit fermement par les genoux et sourit. Un immense sourire qui révélait ses crocs.

— On ne se sent pas bien, Mr. Carsey ?

Ce sourire n’amusa pas Claude. Il savait parfaitement qu’elle le haïssait. Toutes le haïssaient. Et elles haïssaient Phil, aussi. Seulement, elles avaient besoin d’eux, et les toléraient donc. Parfois, elles le regardaient d’un œil noir, terrible, et l’observaient en pensant qu’il ne s’en rendait pas compte. Et ces regards hantaient son sommeil… ou du moins, les rares heures de sommeil qu’il parvenait à grappiller.

Claude voulait partir. Il voulait à tout prix laisser tomber ce cirque depuis si longtemps qu’il ne se souvenait même plus du jour où il avait mis le pied dans cet engrenage. Il était malade, malade à crever. De toute façon, l’argent que lui rapportaient les filles ne valait pas grand-chose en comparaison de la peur qui lui serrait les tripes. D’abord la peur de son propre frère, et aussi de ces… créatures. Une peur constante.

Et voilà qu’à présent, il se retrouvait face à Amy, sans doute la pire de toutes. Elle était différente des autres. Il y avait en elle une… colère et une effervescence permanentes.

— Va-t’en, lança-t-il d’une voix rauque. Va-t’en, laisse-moi.

— Désolée, mais… (Elle haussa les épaules, sourcils levés en signe d’impuissance.) Désolée, mais on est coincés ici, toi et moi.

— Quoi ? Où sommes-nous ?

Claude tenta encore une fois de se lever, mais le vertige qui l’emporta l’obligea vite à se rasseoir.

— Nous sommes dans la cave du restaurant, je crois.

— Ben… Faut que j’me tire. Faut que j’retourne au…

Il allait dire auprès de Phil, avant qu’il ne se mette en rogne. Car Phil était toujours plus ou moins en rogne, mais quand il l’était vraiment, l’idée de mourir devenait agréable et l’Enfer, un lieu de villégiature.

Mais voilà, un soupçon subit l’empêcha de terminer sa phrase. Il était peut-être plus prudent, en effet, de se taire. Peut-être qu’Amy était de mèche avec ce type qui l’avait pris en chasse et qui l’avait bouclé dans ce lieu obscur et froid. Après tout, lui aussi était de leur espèce. Peut-être qu’il se passait quelque chose. Avaient-ils concocté un plan ? À cette idée, le cœur de Claude faillit presque cesser de battre.

Il essaya de se détendre, sans succès. Il s’appuya de toutes ses forces contre la pile de cageots pour se tenir le plus loin possible de cette diablesse.

Amy se contenta de se pencher vers lui. À nouveau souriante, ses lèvres relevées sur les crocs pointus ressemblaient à une pub pour marque de dentifrice destinée à Satan.

— Claude, il n’y a que moi et toi, ici. Nous sommes seuls. Du moins, pour un moment. Tu sais, j’ai un ami, à présent. Tu ne le connais pas. Et ton frère qui pue comme un porc, non plus. En fait, aucun d’entre vous ne le connaît, et pas davantage cette salope de monstre que tu trimbales dans ton camion. (D’une voix mouillée de salive, elle ajouta sans cesser de sourire :) C’est quelqu’un qui m’aime bien. Il va s’occuper de moi, lui. Et il va bientôt descendre ici.

Amy se pencha encore plus près de Claude, frôlant presque son visage. Il sentit une drôle d’odeur… Ce n’était pas celle de son haleine, car elles ne respiraient pas. Mais une faible odeur qui émanait, aurait-on dit, de ses entrailles. Une odeur de viande pourrie dans un emballage moisi. Il fit une grimace.

— Et puis… quand il sera ici, on va bien rigoler. Tous les trois.

Claude croyait en Dieu lorsqu’il était enfant. Il se rendait au catéchisme le dimanche, assistait à la messe avec ses parents et chantait des cantiques louant le Seigneur. Mais tout cela était bien loin, et ce qu’il avait vécu ces dernières années l’avait convaincu de l’impossibilité de l’existence de Dieu. Pourtant, Claude fit alors une chose qui ne lui était pas arrivé depuis quarante ans.

Il pria…

Pendant qu’il anticipait sa propre mort, Jon Ketter était assis, genoux repliés contre sa poitrine, dans le camion de Claude qui était plongé dans une nuit de poix. Il ne voyait rien mais savait toutefois qu’il n’était pas seul.

— Tu as peur, observa la créature de sa voix sifflante. Tu trembles.

Jon ne répondit pas. Il tourna la tête vers cette voix mais n’aperçut que des ténèbres compactes.

— Tu ne devrais pas avoir peur. (Il y avait comme un sourire dans la voix.) Je ne te ferai aucun mal. C’est ton père que je veux. Il devrait être ici, avec nous. Il a besoin d’être avec nous. Il mourra, abandonné de tous. Et il risque en plus de nous mettre tous en danger. Mais toi… tu es en sécurité ici. N’aie pas peur. (Jon sentit un doigt osseux et froid caresser doucement le contour de son visage, ainsi que la pointe d’une serre courir sur sa chair.) Tu es trop vieux pour moi, ajouta-t-elle avec un petit rire coquin.

Mais Jon était terrifié. Il ne pouvait ni bouger ni réfléchir. Il se contentait de fixer les ténèbres, tremblant comme une feuille…

Shawna Lake avait la chair de poule, tout en contemplant la nuit, plantée derrière la fenêtre du living. Grace Tipton, assise sur le sofa, faisait un mot croisé, tandis que la télé diffusait un dessin animé, le volume du son poussé à fond. Shawna avait regardé, assise comme une Indienne devant le poste, Bugs Bunny et Elmer Fud. Mais son esprit était ailleurs. L’angoisse nouait son estomac, car elle était toujours certaine qu’il se passait quelque chose de grave. Cette fenêtre l’avait attirée, comme si elle allait découvrir dehors le motif de sa peur tenace.

Peu après, Mrs. Tipton l’avait rejointe.

— Mais qu’y a-t-il donc de si intéressant dehors, Shawna ?

La fillette haussa les épaules sans répondre.

Mrs. Tipton s’accroupit à son côté et la prit par la taille :

— Es-tu sûre que tu te sens bien, mon chou ?

Shawna se mordilla la lèvre inférieure, sourcils froncés.

— Je ne suis pas malade. Il se passe quelque chose de grave, voilà tout.

— Mais quoi ?

— Je l’ignore ! répondit Shawna d’un ton plus cassant qu’elle ne l’aurait voulu. (Elle se tourna vivement vers Mrs. Tipton et répéta d’une voix plus douce :) Je l’ignore. Vraiment. Mais quelque chose… quelque chose de mauvais a été libéré.

Mrs. Tipton prit la fillette par les épaules.

— Écoute, ma chérie, si tu prétends que quelque chose de mauvais a été libéré, tu dois bien avoir une petite idée de ce que c’est. Tes remarques me rendent très nerveuse, tu sais. Et ce que tu ressens… est peut-être dû à tes médicaments… Ils peuvent provoquer des effets de ce genre, produire des troubles sans raison. Tu ne crois pas ?

Shawna fit signe que non, ouvrit la bouche pour répondre mais resta pétrifiée. Toutes les lumières s’étaient soudain éteintes, la maison était envahie par les ténèbres et…

Instantanément, la nuit engloutit le parking réservé aux camions. Bill parvint toutefois à distinguer quelques formes : les longues silhouettes trapues des engins, les grandes lampes au mercure ressemblant à des gardes endormis. Et puis, tout au fond du parking, de petites et maigres silhouettes, visibles par intermittence, et qui erraient entre les véhicules.

— Ô mon Dieu, que se passe-t-il ici ? cria Byron, d’une voix où transpirait la peur.

D’autres exclamations retentirent dans le parking plongé dans le noir absolu.

Bill se releva et, se tournant, aperçut A. J. Elle était à genoux dans la neige. Les deux mains plaquées sur son visage, elle l’épiait entre ses doigts. Marmonnait-elle ? Sanglotait-elle ? En tout cas, elle n’arrêtait pas de secouer avec violence la tête d’avant en arrière.

Enfin, elle écarta lentement ses mains.

— Beu-Bill ? geignait-elle. C’est toi ?

Il s’approcha d’un pas mal assuré, cherchant à retrouver ses mots.

— Ouais, A. J. C’est moi.

Elle se releva à son tour et se dirigea à sa rencontre en tanguant.

— Mais qu’est-il arrivé ? demanda-t-elle dans un chuchotement. (Puis courant vers lui en criant :) Qu’as-tu fait ?

Bill s’arrêta.

A. J. fonça sur lui, poings en avant. Elle lui martela la poitrine en glapissant :

— C’est quoi cette créature, ce maudit monstre qui a emmené mon Jonny, espèce de salopard, où est mon Jonny ?

Elle continua à bramer en le martelant de plus belle. Bill essaya de bloquer ses poignets, sans la meurtrir. Alors elle se mit à lui flanquer des coups de pied dans le tibia et les genoux. Et cette fois, il eut mal – sacrément mal. Et comme il était trop faible, mentalement et physiquement, pour se maîtriser, il la gifla de toutes ses forces.

A. J. tomba sur les fesses, hoquetant sous le choc. Bill se mit sur un genou, à côté d’elle.

— Mon Dieu, je suis navré, A. J, murmura-t-il. Je suis navré mais…

Elle lui assena un coup de poing dans l’estomac. Le coup était si brutal et si rapide qu’il poussa un grognement de surprise et se plia en deux. Puis elle redressa le buste et allait le cogner à nouveau quand deux énormes mains noires les empoignèrent chacun pour les séparer.

— Bon Dieu, vous n’pensez pas qu’il y a eu assez de blessés comme ça, ce soir ! aboya Byron en les secouant comme des poupées. Maintenant, arrêtez, ou sinon je vous étrangle tous les deux. (Soudain gêné, il les relâcha en sourcillant.) Je… Écoutez… je m’excuse mais c’est que… ben quoi, vous comprenez… (S’adressant à Bill :) Écoute, mon vieux, ce flic, là-bas, est mort. Tu m’entends ? Il est mort. J’ignore ce qui s’est passé, entre vous et je ne veux pas le savoir. En revanche, il y a une chose que je veux savoir à tout prix et c’est à toi de me l’expliquer : c’est quoi cette merde que j’ai vue ici, car j’sais pas si j’ai bien ou mal vu, tu piges ce que je veux dire ?

Il avait empoigné Bill à deux mains par le col de son manteau et le secouait tout en rugissant sous son nez.

Bill referma ses doigts maigres autour des énormes poignets du Noir et les serra de toutes ses forces. Il se sentait faible, mais dans la nuit, son visage était à peine visible, et ça le rassurait. Toutefois, il parvint à paralyser le Noir et à le faire trembler de douleur, alors qu’il tenait ses poignets dans un étau impossible à desserrer.

— Ton nom ? demanda Bill.

— By…ron, répondit le Noir, les dents serrées.

— On se calme, Byron. D’accord ?

Bill réfléchissait à toute allure. Il savait qu’il était capable d’effacer le souvenir de ces dernières minutes dans l’esprit de Byron et de A. J. Seulement, plus personne ne pourrait l’aider. Et il avait besoin qu’on l’aide. Il fit un petit sourire et déclara d’une voix douce.

— Byron, écoute-moi. Écoute-moi bien. J’ai besoin que tu m’aides. Toi aussi, A. J. (Bill se tourna vers sa femme. Elle le fixait, l’air à la fois fasciné et horrifié. Puis, s’adressant de nouveau au Noir :) Je ne veux faire de mal à personne, Byron. Parole. Ce qui s’est passé ici… (Il désigna Adelle.) Ben… C’est… heu… heu… assez compliqué. C’est mon ex-femme.

Yeux écarquillés, Byron opina vite de la tête.

— J’m’en étais douté, figure-toi.

— En ce moment même, Byron, il y a une foule de gens en danger. Ils sont coincés ici par la neige ; il n’y a plus d’électricité. Et plusieurs personnes errent dans les parages pour leur faire du mal. Tu as compris ?

— J’crois, ouais. J’pense, ouais, maintenant.

— Eh bien… Je crois que je suis capable d’empêcher qu’il n’y ait d’autres blessés. Et tu dois m’écouter et avoir confiance en moi. Va falloir, vois-tu, que tu entendes des choses que… euh… tu n’auras sans doute pas envie de penser qu’elles sont vraies.

Byron acquiesça.

Bill se tourna vers A. J.

— Et toi, tu dois croire que je parviendrai à faire sortir Jon de là-bas… Et… et que je veux que toi, les mômes… et Doug… vous repartiez tous d’ici sains et saufs.

Le fait qu’il connaisse l’existence de Doug parut la choquer mais elle opina lentement.

— Bon, murmura Bill en se préparant. Bon…

Et il commença à tout leur raconter…